Episode 18
chronique du livre Tokyo détective de Jake Adelstein
chronique du livre Tokyo détective de Jake Adelstein paru aux editions Marchialy
Dans l'image trop souvent répandue que l'on fait du Japon, il en ressort plutôt une forme de paradis de la sécurité. Pas un pas de côté, pas un papier par terre, pas d'altercations sur la place publique. Le pays du soleil levant préserve cette image lisse et bien propre sur elle. Mais quand de l'intérieur certains investigateurs grattent le vernis de cet emblème jour et blanc, ils parviennent à exhiber la crasse sous-jacente qui salit toute la société japonaise , orchestrée par toute une organisation ancestralement implantée sur l'archipel. A leur tête se trouve une escouade de dignitaires du crime, les fameux yakuzas. Jake Adelstein nous en parle dans Tokyo détective, son dernier livre paru aux éditions Marchialy.
Jake Adelstein n'est plus journaliste d'investigation. Après que ses articles aient fait tomber Tadamesa Goto, chef du clan Yamaguchi-Gumi, il glisse vers le job de détective. Fort de son réseau d'informateurs et de contacts au sein de la justice japonaise, il mène des "diligences raisonnables" pour le compte de sociétés, afin de vérifier si la gangrène yakuza est plus ou moins forte. Car l'occident n'imagine pas comment la mafia japonaise est ancrée dans la société en contrôlant via des sociétés écrans l'industrie du jeu, du sexe ou encore la finance. Et les révélations de Jake Adelstein dépassent l'entendement...
Après le précédent livre "Tokyo vice" où il revêtait l'habit de journaliste, il endosse ici celui d'enquêteur privé et ce qu'il met en lumière est profondément désarçonnant. Grâce à cette nouvelle fonction, Adelstein peut se frotter à des groupes comme Tepco ou encore tout le cartel qui a la main mise sur le pachinko, ces flippers verticaux japonais où l'on doit tenter de viser juste pour mettre les billes dans des trous et empocher d'hypothétiques gains. Dans ce livre, Jake Adelstein se confie aussi sur sa chimiothérapie, sa complicité avec son amie Michiel et l'accompagnement qui lui accordera presque jusqu'à l'échéance finale, son rapport avec Igari et leur quête commune pour tenter de réduire le pouvoir des yakuzas sur la société civile japonaise. A travers la fissure, la fusion et enfin la reconstruction, Jake Adelstein nous livre un portrait du Japon qui dénote, détonne et enivre.